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Le CBD, la nouvelle star du bien-être ?
Vous avez sûrement remarqué la multiplication de boutiques spécialisées dans le CBD ces derniers temps. Mais au fait, qu’est-ce que le CBD exactement ? Ce petit sigle aux allures mystérieuses est en réalité l’abréviation de cannabidiol, l’un des nombreux composants présents dans la plante de cannabis.
Contrairement aux idées reçues, le CBD n’a rien à voir avec le THC, la fameuse molécule responsable des effets psychoactifs et psychotropes du cannabis récréatif. Le cannabidiol est totalement dépourvu de propriétés enivrantes ou addictives. C’est même tout l’inverse, le CBD est plébiscité par de nombreux adeptes pour ses vertus apaisantes !
Une panacée du bien-être ?
Sur les étiquettes des produits à base de CBD, on peut lire des allégations toutes plus séduisantes les unes que les autres : antistress, anti-douleurs, aide au sommeil, et même supposés effets antioxydants ou neuroprotecteurs. Que faut-il en penser ?
Concernant l’anxiété et le stress, de nombreux consommateurs affirment ressentir un effet relaxant et apaisant après avoir consommé du CBD. Cet effet serait lié à l’interaction du cannabidiol avec le système endocannabinoïde de notre corps, un réseau de récepteurs régulant de nombreuses fonctions comme l’humeur ou la gestion du stress.
Sur le plan des douleurs et inflammations, certaines études menées sur des modèles animaux laissent penser que le CBD pourrait avoir des vertus antidouleurs et anti-inflammatoires intéressantes, notamment dans le cadre de pathologies comme l’arthrose ou la polyarthrite rhumatoïde. Reste à confirmer ces résultats chez l’Homme.
Le CBD serait également prometteur pour favoriser un sommeil réparateur et de qualité. Plusieurs essais cliniques ont en effet montré une amélioration des troubles du sommeil chez des patients souffrant d’insomnie après quelques semaines de prise de CBD.
Le CBD, vraiment un remède miracle ?
Si les témoignages d’utilisateurs vantant les mérites du CBD sont légion sur Internet, force est de constater que les preuves scientifiques solides manquent encore cruellement. La majorité des études sur le sujet portent sur de petits échantillons de patients ou sont réalisées in vitro ou sur des modèles animaux.
« Pour l’instant, il n’existe aucune donnée permettant d’affirmer que le CBD a réellement des effets thérapeutiques avérés sur l’anxiété, le stress, les douleurs ou le sommeil chez l’Homme », tempère le Dr Nicolas Authier, pharmacologue spécialiste des cannabinoïdes. « Les essais cliniques contrôlés de grande ampleur font défaut. »
La prudence reste donc de mise face aux allégations parfois excessives de certains vendeurs de produits CBD. D’autant que ces produits issus du secteur des compléments alimentaires ou du bien-être ne font l’objet d’aucun contrôle qualité ni d’étiquetage réglementaire strict.
CBD : la réglementation française a-t-elle changé ?
En France, le CBD extrait du chanvre bénéficie depuis peu d’un cadre réglementaire légèrement assoupli. Fin 2022, le Conseil d’État a en effet annulé l’interdiction qui pesait jusqu’alors sur la vente de fleurs et feuilles de chanvre, à condition que leur teneur en THC soit inférieure à 0,3%.
Concrètement, cela signifie que les produits à base de fleurs et feuilles de CBD sont depuis peu vendus légalement, en plus des huiles, cosmétiques et autres compléments alimentaires à base de cannabidiol qui étaient déjà tolérés sur le marché français. Une petite révolution pour ce secteur en plein boom !
Comment bien consommer le CBD ?
Le CBD se décline sous différentes formes pour s’adapter à tous les besoins et toutes les préférences. L’huile de CBD reste l’un des produits stars, à consommer par voie orale, généralement en la faisant couler sous la langue pour une absorption plus rapide et efficace.
Mais le CBD peut aussi se vaporiser, avec les e-liquides pour cigarettes électroniques ou les fleurs à fumer (nouvellement autorisées en France). À éviter cependant pour les personnes souffrant de problèmes respiratoires, la combustion dégageant des substances potentiellement nocives.
Pour ceux qui n’apprécient pas la voie orale, les cosmétiques à base de CBD comme les crèmes, baumes ou huiles de massage offrent une solution d’appoint intéressante en application cutanée. Le CBD pénètre alors par voie transcutanée pour soulager douleurs musculaires ou articulaires.
Quelle que soit la forme choisie, les dosages recommandés sont généralement assez faibles, de l’ordre de 10 à 30 mg par jour selon les pathologies. Au-delà de 100 mg/jour, mieux vaut se faire suivre par un professionnel de santé en raison des risques d’effets secondaires comme somnolence, diarrhées, perte d’appétit…
Avantage du CBD, il ne provoque pas de dépendance physique ou psychologique. Mais gare aux interactions médicamenteuses ! Cette molécule peut en effet perturber le métabolisme de nombreux traitements comme les antiépileptiques, antidépresseurs ou anticoagulants.
Le CBD, une alternative au cannabis ?
Beaucoup d’usagers du cannabis récréatif, interdit en France, se tournent vers le CBD pour tenter de réduire ou remplacer leur consommation. Le cannabidiol permettrait d’apaiser partiellement les effets du sevrage en se fixant sur certains récepteurs cannabinoïdes, sans les effets psychoactifs indésirables du THC.
« J’ai pu complètement arrêter ma consommation de cannabis grâce au CBD, témoigne Julien, un ancien consommateur régulier. Au début je vapotais du CBD à chaque fois que j’avais une envie de fumer. Puis j’ai arrêté le CBD aussi au bout de 6 mois. »
Pour autant, les experts mettent en garde contre les dérives et l’utilisation non encadrée du CBD. « Le CBD ne pourra jamais totalement se substituer au cannabis en cas de forte dépendance, prévient le Dr Benjamin Rolland, addictologue. Il faut le voir comme un substitut partiel, une aide au sevrage combinée à un suivi médical adapté. »
Un marché fleuve mondialement ?
Face à l’engouement pour le CBD, le marché n’a eu de cesse de se développer ces dernières années pour devenir un véritable business déjà bien installé. La France en est même devenue le premier producteur européen de chanvre, la matière première du CBD.
On trouve désormais pléthore de produits derived du CBD dans les rayons : huiles, fleurs, gélules, infusions, crèmes, baumes, compléments alimentaires, e-liquides… Les grands nnoms de la cosmétique ne sont pas en reste puisque l’Oréal, Sephora ou The Body Shop ont d’ores et déjà intégré des soins CBD à leur gamme.
Mais la réglementation sur la qualité et l’étiquetage de ces produits reste très floue, au grand dam des autorités sanitaires qui dénoncent un véritable « far-west ». Les dosages, les teneurs en CBD ou encore la présence éventuelle de résidus toxiques (pesticides, métaux lourds…) ne font l’objet d’aucun contrôle systématique.
Bref, si le CBD semble très prometteur et attise toutes les convoitises, il reste pour l’heure une substance qui soulève de nombreuses interrogations scientifiques et réglementaires. La fin du « game » n’est pas pour demain !
Des vertus thérapeutiques miracles, vraiment ?
Malgré le boome du CBD auprès du grand public, la communauté scientifique reste très prudente quant à ses réels bienfaits thérapeutiques. Si quelques pistes intéressantes ont été identifiées, les preuves manquent encore cruellement.
« À l’heure actuelle, nous ne disposons d’aucune donnée permettant d’affirmer que le CBD a des effets cliniques pertinents chez l’Homme pour le traitement de pathologies comme l’épilepsie, les douleurs chroniques, l’anxiété, le stress ou les troubles du sommeil », analyse le Dr Florence Trapini, cheffe du service de pharmacologie au CERERC à Clermont-Ferrand.
Seul un médicament à base de CBD bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché en France, l’Epidyolex, indiqué dans le traitement de certaines formes d’épilepsie résistantes chez l’enfant. Mais cette molécule est encadrée et ne peut être vendue librement en vente libre.
Concernant l’anxiété et le stress, plusieurs essais cliniques sont en cours pour évaluer le potentiel du CBD comme traitement complémentaire. Mais les résultats préliminaires semblent mitigés, avec des effets significatifs seulement sur certains types d’anxiété (sociale ou de performance notamment).
Au rayon des douleurs chroniques, la donne est la même. Si des études sur des modèles animaux laissent entrevoir un effet antalgique intéressant du CBD, les données chez l’Homme restent très limitées. « Nous n’avons pas assez de recul à ce jour pour affirmer que le CBD est une alternative crédible aux traitements antalgiques actuels », nuance Valentin Petiteau, médecin spécialisé dans la prise en charge de la douleur.
Plus de résultats encourageants sur le volet addiction, mais encore une fois avec de petites cohortes de patients qui limitent la portée des conclusions. Sur les conseils d’un médecin, le CBD pourrait s’avérer un outil d’aide au sevrage intéressant pour réduire la consommation de cannabis, d’alcool ou d’opiacés.
Des allégations commerciales excessives
Avec ce vide juridique et scientifique, de nombreux vendeurs de produits CBD n’hésitent pas à se lancer dans des allégations commerciales pour le moins excessives. Vertus « miraculeuses », produits « naturels » donc « sans danger », promesses de résultats spectaculaires… Autant d’arguments marketing à prendre avec d’énormes pincettes.
« Nous constatons une véritable dérive dans la communication de ces produits, complètement hors-sol par rapport à ce que permettent les données scientifiques actuelles », déplore Tangui Nicolau, juriste spécialisé dans les biotechnologies. « Juridiquement, ces allégations sont totalement illégales et abusives. »
En cause notamment, l’explosion de petits acteurs peu scrupuleux sur un marché encore très peu réglementé. Pour l’heure, aucun cahier des charges précis n’encadre ni la qualité, ni la composition, ni l’étiquetage de ces produits CBD.
Un changement réglementaire est-il à venir ? Rien n’est moins sûr, le législateur semblant attendre d’avoir plus de recul scientifique avant d’éventuellement mieux encadrer ce marché très porteur. D’ici là, la prudence reste de mise face à ces produits CBD au statut très flou.
En définitive, le CBD a beau se présenter comme la nouvelle panacée du bien-être, les preuves scientifiques de ses éventuels bienfaits restent à ce jour très limitées. Son immense potentiel attise les convoitises mais suscite aussi de nombreuses interrogations auxquelles la recherche devra répondre. Rien ne sert de se précipiter tête baissée.
Comme le résume le Dr Bruno Revol, addictologue au Centre d’addictovigilance de Grenoble : « Le CBD n’a pas encore fait ses preuves, mais nous ne devons pas non plus le diaboliser. C’est une molécule qui mérite d’être explorée plus avant par les scientifiques, dans un cadre contrôlé et rigoureux. Méfions-nous des effets de mode et des raccourcis hasardeux ! »